Est-ce qu’il y a une philosophie particulière liée à la pratique de la Physiodynamie ?

Autrement dit, est-ce qu’il se dégage de la physiodynamie une vision particulière de l’être humain ?

  Chacun est libre de déduire de sa pratique et de son expérience de l’abandon dans le Mouvement de la Source ce qui lui chante. Encore heureux. Il n’y a pas de dogmatisme en la matière. Le corps a en effet cette étrange manière de se réguler par lui-même… chacun en dit ce qu’il veut. Et à partir de cette même expérience qui s'exprime de manière singulière en chacun de nous, on peut tout à fait en déduire des points de vue tout à fait contradictoires. Qui s’en soucie ? Qu’est-ce que ça change ?… A vous de voir.

   Ensuite, dès que j’entends le mot « vision » je me mets à loucher ! (rires) Je ne pense pas être le représentant de « la » vision de cette approche car à mon avis, il y a autant de regards qu’il y a de paires d’yeux qui s’y intéressent. Alors permettez-moi de n’être que l’immodeste représentant de ma vision qui louche -inévitablement assujettie aux limites de mon expérience personnelle et de mon entendement irrémédiablement subjectif… En ce qui me concerne j’en déduis (et cela ne regarde que moi : je ne demande à personne d’être d’accord avec moi, je dis juste ce que j’en pense) que, question santé et bien-être, l’animal humain est un animal comme les autres.

   Par l’intermédiaire du très florissant marché du Bien-être, la société nous incline à penser que « l’Homme » avec un grand H est un être suprêmement intelligent du point de vue intellectuel, mais qu’il est une sorte d’attardé physique condamné à vivre coupé de ses instincts – surtout les plus bienfaisants - contrairement aux animaux des autres espèces. Condamné à être malheureux en somme : à être « intelligent » contre son propre corps, à vivre en désaccord avec sa nature, avec lui-même… Heureusement, nous dit la très désintéressée industrie du Bonheur, il existe toute sorte de méthodes, arts de vivre et autres pratiques, qui peuvent vous garantir Paix, Amour et Bonheur si vous vous y fier sagement… Voilà comment on peut caricaturer la vision de « l’Homme » que nous propose la culture ambiante du Bien-être… Balivernes que tout cela !

   L’intelligence dynamique du vivant œuvre tout autant en nous que partout ailleurs. L’organisme humain n’est pas plus bête qu’un autre. Et si plutôt que de se fier sagement aux soi-disant « sagesses » des techniques de bien-être et de « développement personnel », nous daignons plus souvent nous fier à la folle sagesse du corps, nous pourrions tout à fait nous passer de ces béquilles branlantes… A mon sens, il découle de la pratique de la physiodynamie une certaine joie libératrice : celle de se libérer de  la vision de l’animal humain fatalement pieds et poings liés aux gurus, maîtres, coaches, prêtres et autres enseignants de tous bords… La joie de se libérer de ceux qui prétendent justement le libérer au nom de la joie et de la liberté d’ailleurs ! ;) Car il en découle une vision de l’homo sapiens capable (mais pas obligé…) de se passer avec grâce des pratiques spirituelles, techniques de santé et autres innombrables conseils de « comment vivre » dont nous inonde l’incontournable industrie du Bonheur.

   L’idée maîtresse de la physiodynamie me semble très bien résumée par cette citation d’U.G : « En voulant imposer une idée artificielle de « l’harmonie » tel que nous l’imaginons, nous perturbons l’harmonie préexistante qui est déjà à l’œuvre en nous comme partout.» Sous-entendu tout effort volontaire pour rétablir une situation originelle harmonieuse qui ne dépend pas de notre volonté est inapproprié : on ne peut rétablir par la volonté ce qui précisément lui échappe et la précède. Il en découle que même la  « bonne volonté » que l’on met en œuvre pour « aller mieux » et « être heureux et en  bonne santé » peut être considérée comme superfétatoire, comme un excès de volonté. Exit le business du Bien-être qui en fait est le marché de la volonté, de l’idolâtrie du « je »….