Est-ce que la Physiodynamie s'adresse vraiment à tous?

Q: Est-ce que cette approche s’adresse vraiment à tout le monde ?

   En théorie oui, mais dans les faits non. Bien que la dynamique du vivant œuvre en chacun comme partout sans distinction, tout le monde n’est pas intéressé par le fait de la laisser s’exprimer librement à travers soi. Je crois ne pas me tromper si je dis que pour se sentir concerné par le voyage que propose la physiodynamie cela demande un certain goût pour l’autonomie (l’aptitude à « se nommer soi-même : à découvrir par soi-même et à vivre selon ses propres « lois » »). Si tu t’attends à des recettes prêtes à porter, si tu penses qu’il y a une formule magique pour être bien dans ses baskets et que quelqu’un ou quelque chose peut te la donner toute cuite, si tu cherches des théories dogmatiques, tu t’es trompé de crémerie… Un certain goût pour l’expérience et la découverte personnelles me semble nécessaires pour que ça prenne (si je ne m’abuse). Surtout sur le long terme.

   Comme en matière de lâcher-prise il n’y a pas de « comment faire », à un moment ou à un autre (même dans le cadre d’un atelier collectif) vous vous retrouvez seul face à vous-même. Sans béquille. Tout le monde n’est pas prêt à cela, non ?  

   Comparé à une « technique autoroute » qui propose à tout un chacun de copier son voisin et de faire les choses « à la manière de » un tel ou une autre, c’est un saut quantique. Au risque de prononcer un gros mot, cela demande un certain « engagement personnel ». En physiodynamie la santé et le bien-être ne sont pas considérés comme des attributs que l’on peut créer ou fabriquer artificiellement à l’aide d’une « méthode » quelle qu’elle soit. Donc, quand il s’agit d’essayer d’être bien dans sa peau, on ne peut se contenter de se convertir à une quelconque pratique comme on rentre en religion, ni de de copier et de répéter des expériences déjà plus ou moins écrites à l’avance… Cela n’a rien d’abstrait et outrepasse un engagement purement intellectuel ou factuel : cela demande de « donner de sa personne ». D’expérimenter et de goûter les choses par soi-même. Ne serait-ce qu’en conservant concrètement dans sa vie du temps et de l’énergie pour s’abandonner dans le cours des choses, dans le Mouvement de la Source. Et d’en assumer les conséquences.

   Personne ne peut se laisser aller à votre place. On ne peut pas vivre l’expérience de l’abandon par procuration, ni en imitant qui que ce soit. Et il ne suffit pas non plus de penser d’une certaine manière, d’avoir une séduisante philosophie non-interventionniste et non-directive pour pouvoir prétendre savoir de quoi retourne cette expérience brute et déroutante du lâcher prise qu’est l’abandon au Mouvement de la Source. Les théories sur l’intelligence du corps et le lâcher-prise sont uniquement là pour faire de la figuration, elles décorent. Au fond, seule compte l’irremplaçable expérience personnelle. Un domaine dans lequel l’imitation et les beaux discours sont de peu de secours...

   « Lâcher prise », « se laisser aller », « laisser agir », « s’abandonner dans le Mouvement de la Source », et cetera, ce sont de bien jolis mots. Néanmoins dans l’expérience ça peut-être déroutant. Le petit « moi » perd le contrôle. Ça lâche… Au début c’est inhabituel. Alors parfois « ça » peut faire un peu peur… Et ça va forcément un peu vous chahuter aux entournures (c’est même la condition sine qua non qui garantit que « ça » fait vraiment du bien). Il faut juste en être conscient. Se rebrancher au haut débit de sa spontanéité, ça défrise les moustaches. Oh que non la vie n’est pas un long fleuve tranquille ! Souvent elle prend un malin plaisir à nous prendre par surprise. Parfois le courant du Mouvement de la Source est paisible, parfois il se déchaîne et ne nous laisse pas indemne… C’est la vie !

   Quoiqu’il en soit, au final ça fait toujours du bien et nous rassérène. Donc tout va bien. Mais « il faut que ça passe par où s’que ça passe ! ». Et il s’en passe des drôles de choses quand on ne fait rien ! Qu’on se le dise, ça défrise ! ;)