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La Physiodynamie, l'art de s'en remettre à la folle sagesse du corps
29 mars 2018

Pourquoi le fait de lâcher prise et de se laisser aller est plus simple pour certaines personnes ?

  Les raisons exactes pour lesquelles le mouvement spontané s’exprime plus facilement chez l’un que chez l’autre est assez mystérieux. Pourquoi certaines personnes sont plus prédisposées que d’autres ? Qui peut prétendre répondre à cette question avec une totale assurance ? « Dieu seul le sait » comme on dit ! ;) Et c’est très bien comme ça. Parce que si on pige que c’est la prédisposition qui est réceptrice, on pige que rien ni personne ne peut réellement « faire » quelque chose pour soi, vu que la spontanéité n’est pas de l’ordre du « faire ». On pige que fondamentalement rien ni personne ne peut véritablement nous « aider » à lâcher prise. Ça se fait tout seul… ou pas

   Il faut bien comprendre que la marge de manœuvre est faible : le mieux que l’on puisse faire c’est « essayer » de faciliter, tenter de laisser fondre les résistances qui empêchent l’expression de ce qui est déjà là et qui meurt d’envie de s’exprimer. Ni plus, ni moins. C’est modique… Souvent ces résistances sont moindres et fondent facilement, donc ça va. Chez certaines personnes les résistances sont plus fortes et cela demande plus de temps (parfois des mois ou même des années). Et enfin chez d’autres les résistances sont tellement fortes qu’elles ne cèdent guère. Alors, si ce n’est avouer son impuissance, que faire ?...

Q: Oui, que faire ?

   Vraiment je ne sais pas. Fais ce que tu veux, ce que tu peux. Ne fais rien ou fais tout ce qu’il te plaît. C’est à chacun de voir. « Chacun sa route, chacun son chemin » comme dit la chanson…

   A mon sens aucune sorte de pratique quelle qu’elle soit ne peut sensément prétendre connaître, comprendre et agir de manière délibérée sur les causes profondément irrationnelles sur lesquelles repose notre comportement dit « conscient ». Fat est celui qui pense détenir un savoir, une technique ou un pouvoir capable d’agir avec certitude sur nos prédispositions et nos blocages profonds, et provoquer ainsi un changement réel et durable de notre personnalité de manière contrôlée. Seule la dynamique du vivant peut produire un tel changement à coup sûr. Ce n’est pas de la fausse modestie ou de l’humilité que de dire ça, c’est seulement reconnaître les limites inhérentes de notre volonté et de notre savoir. Et donc de nos techniques. Absolument toutes.

   C’est pourquoi j’ai plus d’amitié pour les techniques dites « facilitatrices » que pour les pratiques directives et interventionnistes. Plus une pratique est intrusive, plus elle me semble dangereuse. Car plus elle s’appuie sur le savoir-faire et les compétences du praticien qui a d’autant plus de pouvoir que le « client » ne fait que s’abandonner à lui. C’est risqué. Dans ce cas de figure on n’est pas à l’abri de la mégalomanie possiblement galopante de l’apprenti sorcier auquel on donne les manettes de son existence. Je préfère nettement les approches « douces »  qui justement n’encensent pas le côté technique et ne confisquent ni le consentement ni la souveraineté du « participant ».

   Au pire un mauvais facilitateur vous fait passer un moment inutile voire ennuyeux, mais votre intégrité n’est jamais en jeu. Quand un praticien vous dit que dans sa pratique « rien n’est garanti », ne jugez pas ça comme un aveu d’incompétence ; car c’est plutôt une politesse qu’il vous fait. Ne rien garantir d’emblée cela veut dire : « l’autonomie de chacun est ici préservée ». Et c’est un luxe ! Sentez-vous honoré ! Dites merci ! ;) Dans l’exercice de la facilitation on reste « poli » à l’égard de l’autonomie des personnes et de la dynamique spontanée de chacun -autrement dit de « la force des choses ».

   A mon sens inutile de fanfaronner avec nos méthodes quelles qu’elles soient. Le réalisme nous pousse à nous incliner face à l’intelligence naturelle de la dynamique des choses qui agit partout comme en nous d’instant en instant. Notre volonté est bien incapable en comparaison, essaies seulement d’être conscient et de contrôler les milliards d’opérations nécessaires à l’organisme pour être capable de marcher ne serait-ce qu’un seul et unique petit pas… Force est de constater que c’est impossible ! Alors que le corps, lui, fait ça les doigts dans le nez… Si on intègre ce facteur – la limite naturelle de notre « bonne » volonté et du prétendu « contrôle » sur nous-même - on devient circonspect à l’égard de toutes ces techniques miracles et des gurus qui vont avec, qui prétendent pouvoir nous « sauver » et nous « libérer ». Il devient alors impossible d’introniser ou de « gurutiser » son prochain ou de s’en remettre éperdument à une méthode ou à un dogme.   

   Mesurer l’inanité indépassable du mythique « contrôle » sur nous-même, cela désamorce automatiquement toute relation de dépendance envers qui que ce soit ou quoi que ce soit. Le fondement même de toute relation de pouvoir est sapé. Car si nous comparons l’état de deux personnes, et que nous nous rendons compte que celle qui jouit a priori d’un état de santé « plus satisfaisant » que l’autre n’en jouit pas à un grâce à un prétendu meilleur contrôle de lui-même mais que c’est juste une histoire de prédisposition, alors personne n’est responsable de son état d’être. Ni l’une, ni l’autre. Si cela découle du fonctionnement physiologique de notre « terrain » sur lequel tout contrôle échoue inévitablement, cela confirme qu’il n’y a pas grand-chose à faire fondamentalement. Si la santé advient naturellement et ne peut être créée artificiellement alors oui, en effet, la marge de manœuvre est faible. C’est une lapalissade, mais que cela nous plaise ou non : les choses sont comme elles sont ! Autant laisser faire plutôt que de se battre vainement.

    Ce n’est pas la volonté qui va nous changer et introduire de force de l’harmonie en nous-mêmes. Cela seule « la force des choses » peut le faire véritablement. Mais comme « la force des choses » ne peut le faire qu’en fonction de notre aptitude à nous laisser aller, de notre prédisposition qui est elle-même déterminée par la « force des choses », on ne s’en sort pas, c'est le serpent qui se mord la queue, c’est infini ! Il n’y a rien à faire, juste à laisser faire ; mais tout le monde ne peut pas laisser faire, et il n’y a rien à faire à cela. Ou si peu. C’est comme ça, encore une fois ! On tourne en rond.

   Tout cela pour dire que si « ton »  lâcher-prise se déclare à un de mes ateliers, ce n’est en définitive ni grâce à moi, ni à la soi-disant pertinence des exercices, ni même à toi et tant que « moi » volontaire, mais grâce à ce que nous sommes toi et moi : la spontanéité ! Il n’y a pas de fleurs à se lancer les uns les autres ; la spontanéité du vivant ce n’est personne en particulier, c’est tout et tout le monde à la fois. Donc les choses se passent comme elles doivent se passer. « Ainsi soit-il », ou « Inch’Allah » si tu préfères (moi je m’en fous je suis agnostique !). ;)

Suggestions pour la suite: Présentation de l'ensemble du blog , texte suivant: Est-ce qu’il y a une philosophie particulière liée à la pratique de la Physiodynamie ?

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