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La Physiodynamie, l'art de s'en remettre à la folle sagesse du corps
29 mars 2018

Le Mouvement de la Source dans tous les sens (définitions détaillées et commentaires)

« Le Mouvement de la Source » est une expression qui désigne une seule et même dynamique sous trois angles différents. Trois acceptations qui se précisent et se complètent les unes les autres. Ici je développe et regroupe ces trois acceptations sans me soucier de la concision. Si cette lecture vous soûle par sa longueur et ses écarts philosophiques, vous pouvez avec joie vous contentez de parcourir la présentation pratique : Le Mouvement de la source, qu’est-ce que c’est ?

Au sens large : Littéralement le Mouvement de la Source c’est « le mouvement de la vie » ou encore « le mouvement de la dynamique du vivant ». Dans ce sens premier pour le moins ambigu, il est difficile voire impossible de se faire une idée du « mouvement » que cette expression désigne ou ne désigne pas. En effet, il y a-t-il le moindre mouvement dans l’univers, le moindre geste, le moindre souffle, la moindre pensée ou le moindre frémissement, qui ne soit pas directement celui de la dynamique du vivant ? Qu’est-ce qui n’est pas « la vie » ? Et d’ailleurs, « c’est quoi la vie  papa » ? ;).

   Dans cette acception première « le Mouvement de la Source » n’exclut rien. La volonté, les choses involontaires, le libre-arbitre, les choix, le non-choix, le mouvement, l’immobilité, le hasard, la nécessité, tata Yoyo, le Yoga, l’intelligence, la bêtise, les roulades arrière, la guerre, la paix, la maladie, la mort, la naissance, et cetera… Rien n’y échappe, cela englobe tout. C’est le mouvement unitaire de la vie (du vivant). Une dynamique plus qu’un mouvement. Dont il est impossible de s’extraire soi-même. Ni d’exclure quoi que ce soit. Il y a ni dehors, ni dedans. Pas de frontière. Ni intérieur, ni extérieur. Tout est le Mouvement de la  Source. Ici toute définition stricte échoue, et toute compréhension intellectuelle est vaine car –foncièrement- c’est indéfinissable … C’est la vie !

   Le définisseur est lui-même ce qu’il tente de définir, avant toute définition… Donc qu’importe les définitions ! Toutes sont « vraies », toutes sont « fausses », « ni vraies, ni fausses », une seule est « Vraie », etcetera. C’est selon. Ça dépend du définisseur… Bref, cette expression on ne peut plus floue dans son acceptation première a le mérite de permettre à chacun de laisser libre cours à son imagination et ses spéculations personnelles. Et tout le monde s’en donne à cœur joie d’ailleurs, moi le premier !

    Ceci dit, dans le sens où j’emploie cette expression poétique, la « Source » est la « spontanéité » (la spontanéité du vivant), qui a par définition la particularité d’être à la source d’elle-même : il n’y pas de cause externe à la spontanéité. On ne peut pas la provoquer. Ainsi il n’y a ni « force » extérieure ni « intelligence supérieure » qui serait « à l’origine de la vie ». Tout est spontanéité. Et donc on ne peut pas ne pas être le Mouvement de la Source. Ça évite le piège de « Dieu » ou des transcendances du genre censées nous dépasser. Et j’aime bien dire aussi, pour éviter de verser dans l’ésotérisme lié au terme « la Source », qu’avoir le nez qui coule c’est un bon exemple de Mouvement de la Source. 

Au sens moyen : Dans son acception seconde, « le Mouvement de la Source  désigne comment s’incarne « le mouvement de la vie » : comment la « dynamique du vivant » et « le fonctionnement du vivant » ne font qu’un. En effet cela désigne le fonctionnement automatique du corps ; et par extension le fonctionnement spontané du vivant dans son ensemble (« automatique » et « spontané » sont utilisés ici dans le sens de « qui se meut de soi-même, sans intervention humaine volontaire », et ne fait pas référence au monde des machines). Le fonctionnement automatique du vivant dont nous sommes chacun –chaque organisme vivant- une simple expression.

   Manifestement nous vivons sans avoir à nous soucier de faire battre notre cœur, de contrôler notre digestion, notre respiration, le fonctionnement de nos sens, notre production salivaire, etc. Fort heureusement l’organisme vivant gère cela tout seul sans nous demander notre avis. Même quand on se paie le luxe de dormir ou de s’évanouir. Nous avons une illusion de contrôle de nous-même, de notre corps et de notre existence, cependant à chaque seconde il se passent des milliards de milliards d’opérations spontanées tout à la fois dans « notre » corps et dans « notre » environnement qui nous permettent gracieusement de ressentir la sensation d’être vivant et de survivre d’instant en instant.

   Dans cette acceptation rien non plus n’est exclu. Tout est automatique et spontané. Même « la volonté », l’impression d’avoir un « libre-arbitre » ou/et de se sentir telle une entité séparée du reste du vivant –comme « un grumeau dans l’univers »- sont des choses qui sont arrivées d’elles-mêmes sans qu’on les ait cherchées sciemment. Ces facultés, sommes toutes « naturelles », s’enracinent dans un fonctionnement physiologique spontané duquel elles ne peuvent s’extraire sans mourir aussitôt. En ce sens, même la volonté est foncièrement involontaire, et même l’expérience de se prendre pour quelqu’un de rationnel prend racine dans des profondeurs totalement irrationnelles et déraisonnables… « Je naquis, le reste en découle. » disait Victor Segalen. Et quoi de plus irrationnelle et de fondamentalement immaitrisable que le simple fait de « naître » (qui n’est aucunement de « notre » fait, qui n’engage pas notre volonté) ? Et comment tout ce qui découle d’un acte aussi « fou » - c’est-à-dire la totalité de « notre » existence - pourrait par la suite, sensément, se revendiquer « volontaire » et « sous contrôle » ?... Sans rire ! ;)

Au sens « relatif » : Dans sa dernière acceptation (la plus étroite, la plus réductrice) « le Mouvement de la Source c’est la manière originale qu’a le corps de se réguler par lui-même quand on lui en laisse la possibilité. Lorsqu’on relâche momentanément l’emprise volontaire que l’on exerce sur l’organisme vivant, il est capable de générer un  flux de mouvement autorégulateur qui se déroule sans notre intervention. Autrement dit, le corps bouge tout seul. Cela peut paraître bizarre dit comme ça mais cela n’a rien d’extraordinaire : c’est l’expression directe et brute de la remarquable capacité d’autorégulation du vivant. Le corps humain est une merveille d’intelligence spontanée, grâce au Mouvement de la source il se dé-brouille tout seul. Il n’y a rien à apprendre, le corps sait cela.

   C’est une faculté naturelle qui s’exprime pleinement lorsqu’on accepte de « lâcher prise », c’est-à-dire quand on lâche les commandes du corps-mental, qu’il y a suspension momentanée de la volonté. Cette faculté est tout à la fois universelle et très personnelle. Universelle car comme tout ce qui véritablement « naturel » chacun en est doté de naissance. Et en même temps personnelle car cela s’exprime de manière singulière selon chaque individu. Comme il n’y a pas deux êtres vivants identiques, il n’y a pas deux mouvements autorégulateurs identiques -bien que tous soient l’expression de la même source : la dynamique du vivant (la « Biodynamique » ou la « Physiodynamique ») qui n’est autre que l’intelligence dynamique du corps.

Conséquences casse-gueules, paradoxales et risibles du sens relatif :

   Dans cette acceptation réduite, le Mouvement de la Source se décrit comme ce qui n’est pas volontaire, ce qui n’est pas sous contrôle ni maitrisé. Ni délibéré, ni voulu, ni provoqué, ni réfléchi, ni calculé, ni intentionnel, etc. Par voie de conséquence le Mouvement de la Source est ici exclusivement ce qui est involontaire, incontrôlé, non-intentionnel, sans faire exprès, etc. Le Mouvement de la Source n’englobe plus tout ; il y a exclusion. « La volonté », « le faire », « l’agir », « le pratiquer », « l’induire », « le retenir »… bref, tout ce qui a à voir de près ou de loin avec « le contrôle » -de soi et du cours des choses- est exclu ici.  On parle de ce qui se passe lorsqu’il y a « cessation du vouloir », « suspension momentanée de la volonté », « lâcher-prise », « laisser agir » ou encore lorsqu’on « ne fait rien », à l’exclusion du reste. De tout le reste… 

   Soudain le faisceau infini que recouvrait jusqu’alors le Mouvement de la Source se rétrécit. Il devient spatialement limité, perd de son infinité.  Et devient un simple « mouvement », au sens d’une gesticulation d’un organisme vivant. Certes le geste est dit ici « involontaire »,  donc « plus fort que soi », et garde ainsi cette familiarité avec la dynamique spontanée des tréfonds. Mais ici cet « involontaire » et ce « spontané » n’inclut plus le volontaire et le non-spontané comme précédemment. Tout comme le « plus fort que soi » invoque une autre chose que soi qui est plus forte : le « non-soi ». L’involontaire et le volontaire deviennent soudain deux choses distinctes et séparables. L’unité est brisée, la scission est consommée.

   L’involontaire et le spontané sont subitement les contraires de quelque chose d’autre. Avant ils régnaient en maîtres absolu, sans égal ni second. Sans altérité.  Et soudain les voilà opposés à des contraires qui parviennent à les compléter. Et donc à les contredire. A force égale. Soudain non seulement l’involontaire n’inclut plus le volontaire, mais le volontaire exclut lui-même l’involontaire. La volonté gagne son autonomie vis-à-vis de la spontanéité. Elle peut se définir elle-même comme en dehors de l’involontaire. Soudain elle existe pour elle-même et par elle-même, elle s’extrait et s’externalise du courant spontané des choses pour vivre sa propre vie. Indépendante. Elle découvre sa « liberté », voire son "libre-arbitre"…

   Dans les deux premiers sens du Mouvement de la Source, la volonté n’était que l’expression de la spontanéité intégrale du vivant ; là, la volonté gagne en puissance et en grade, et découvre la  « liberté » de ne pas être spontanée. Du même coup le Mouvement de la Source se trouve amputé de tous les  mouvements « intentionnels » et autre dérapages « contrôlés » des corps qu’il fait spontanément fonctionner. Désormais la paternité fondamentale du mythique « contrôle de soi » lui échappe, le « comportement volontaire » d’une personne n’est plus de son seul fait, il a une rivale qui lui vole souvent la vedette : la Volonté Individuelle. Autrement dit, la volonté d'une soi-disant entité séparée du reste du vivant, le vouloir d'un "moi" isolé - coupé du Grand Tout...

   Quand le Mouvement de la Source en est réduit à être défini comme « l’expression spontanée et autorégulatrice du corps », il en est réduit à jouer les seconds rôles. La star, celle qui prime, c’est la Volonté. Le mouvement de la source perd ainsi de sa splendeur et ses majuscules, et joue ici le rôle de Son valet. Il a le droit de s’exprimer pleinement, uniquement, exclusivement, quand Sa majesté la Volonté daigne lui céder le terrain. Quand Elle se retire dans ses appartements pour se régénérer, et qu’Elle laisse gracieusement carte blanche à la spontanéité, qui La complète et La soigne efficacement. C’est Elle qui décide. En privé ou en atelier collectif, c’est au choix; c’est Son choix. Elle fait comme il lui plaît, c’est Elle qui maîtrise quand et où la spontanéité a le droit de s’exprimer. « Que Ma Volonté soit faite ! » ;)

   Voilà à quelle contradiction inextricable nous conduit ce sens « relatif », très réduit, du Mouvement de la Source quand on s’amuse à pousser la logique dans ses retranchements. C’est pourquoi, selon moi, il faut savoir déraison garder, et ne pas abuser de cette acception rabougrie… Savoir reconnaître que cet usage particulier de l’expression « le Mouvement de la Source » est parfaitement viable et justifié d’un point de vue relatif, mais relatif uniquement. Il est en revanche tout à fait à côté de la plaque du point de vue de la logique élémentaire et du respect du fonctionnement basique du vivant. Non, la spontanéité du vivant  n’est pas la servante de notre chère et tendre volonté, qu’on se le dise. Essayez « à volonté » de contrôler sans faute le fonctionnement spontané de « votre » organisme, la pousse de vos ongles où la régénération de vos cellules par exemple (il en meurt des milliards par heure paraît-il…), vous en aurez vite fait la confirmation! Et, si vous n’êtes pas convaincu, pensez à faire battre délibérément votre cœur pendant votre sommeil profond, vous allez rigoler ! Et, si ça ne suffit pas, essayez de contrôler volontairement votre impression -ou son absence- d’être le contrôleur de votre propre existence… Alors, ça marche ?!? :)

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